J'entends qu'on s'écrie de toute voix : nos grand-hommes ; nos élucubrateurs ; nos scientifiques, nos universitaires ont enfin dénicher l'élément primoridiale ! J'entends, on ne sait plus de quel ordre est le roi : mes chers qui donc fait la science de ces jours si ce n'est le petit chercheur étudiant en mal de son sujet ?
Nous aurions donc trouvé le grand secret romain pour bâtir propre et net ; paraît-il ; le secret des legendes ; ce pourquoi ces enduits ne périssent pas selon les âges ; et les fissures dans les pierres se reparent d'elles-même.
Et ce serait la chaux !
Ah grand-diable ; tant ses animaux me semblent amère qui ne lisent pas un livre et se penchent sans détour à leurs oignons !
Que savais-je moi donc, que le bétôn fut un secret de rouleau ; que sois-disant on ne sût pas s'y prendre ; qu'on vit se perdre l'indice aux très-afreux bûcher d'Alexandrie !
Non, vraiment, je ne peux pas croire que ce ne fut autre-chose que des secrets de polichinnelles ; tant, si je le veux dire - l'ont batissaît encore de ces manières dans les veuvières de Sardaigne il y a de cela pas même cinquante années !
Mais encore, le plus prodigieux ; ils s'échinnent ; se donnent du mal à déchiffrer tandis que très clairement nous ait donné le secret et ses manières de l'appliquer dans les livres agronomiques de Palladius, je recopie l'extrait à l'attention :
"De la chaux et du sable.
X. De plus, quiconque fait bâtir doit se connaître en chaux et en sable. Il y a trois espèces de sables fossiles, le noir, le blanc et le rouge. Celui-ci est bien supérieur aux deux autres ; le blanc tient le second rang, le noir occupe le troisième. Le sable qui craque entre les mains convient aux ouvrages de maçonnerie. Il est également bon, si, répandu sur une étoffe ou un linge blanc, il ne laisse ni tache ni ordure après qu'on l'en a secoué.
Cependant, à défaut de sable fossile, on pourra se servir de celui de rivière ou de mer. Comme le sable de mer se sèche lentement, on ne l'emploiera pas tout de suite, mais on le laissera égoutter quelque temps pour qu'il n'endommage pas la maçonnerie en la surchargeant. Son humidité salée détache aussi les enduits des voûtes. Le sable fossile est bon pour le ciment des murailles et pour les voûtes, à cause de sa prompte dessiccation. Il est encore meilleur, si on le mêle à la chaux dès qu'il sort de terre ; car s'il reste longtemps exposé au soleil, à la gelée ou à la pluie, il ne vaut plus rien. Le sable de rivière convient mieux aux enduits ; néanmoins, si l'on est forcé d'employer du sable de mer, il sera bon de le plonger auparavant dans une mare d'eau douce qui le dépouillera de son sel.
Pour faire de la chaux, on cuira des pierres dures et blanches, des pierres de Tibur, des pierres colombines que fournissent les rivières, des pierres rouges, des pierres ponces ou du marbre commun. La chaux faite avec des pierres dures et compactes est propre aux bâtisses ; celle qui provient des pierres molles et spongieuses convient mieux aux enduits. Il faut toujours mettre une partie de chaux sur deux de sable. En mêlant au sable de rivière un tiers de ciment, on donnera aux constructions une admirable solidité."
Tout sera tût de ce qui sera dit.
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