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L'inhumain

Venehon

« Dantès étourdi, presque suffoqué, eut cependant la présence d’esprit de retenir son haleine, et, comme sa main droite, ainsi que nous l’avons dit, préparé qu’il était à toutes les chances, tenait son couteau tout ouvert, il éventra rapidement le sac, sortit le bras, puis la tête ; mais alors, malgré ses mouvements pour soulever le boulet, il continua de se sentir entraîné ; alors il se cambra, cherchant la corde qui liait ses jambes, et, par un effort suprême, il la trancha précisément au moment où il suffoquait ; alors, donnant un vigoureux coup de pied, il remonta libre à la surface de la mer, tandis que le boulet entraînait dans ses profondeurs inconnues le tissu grossier qui avait failli devenir son linceul. »


Le Comte de Monte-Cristo. Alexandre Dumas.



J'arrivais à une ville au petit matin. A son port je cherchais une barque. Je ne savais pas bien pour quel raison peut-être mon désir d’atteindre à autre-chose, une autre idée... Laisser un peu mes infamies.

Une barque très ancienne, de fer noir et au derrière portant un nom : « L'Inhumain ». C'était d'une bêtise plus que féroce ; écrit dans une sorte de police... peut-être bien à la bougie.

Je m'y installais ne voulant pas chercher plus à fond. A qui louer ? Il n'y avait personne, aucun arrimage – elle semblait libre. Je n'avais pas de rame et qu'importe ; j'irais avec mes mains.

Je m'installais et ne voyait pas âme qui vive au-delà ; pas même à l'eau des nageurs ni d'autre navire qui aurait pu je ne sais, peut-être fredonnait le bruit de leur moteur. Mais non, le calme était devenu plat – le roulis des eaux semblait n'avoir plus aucun ton ; cela donnait-ils quelque-chose à mon esprit ? Ces quelques-façons je ne sais d'entrevoir le monde ainsi qu'un moment de brume ou autres; prier, briguer de ses manières de trifouilleurs à pandémonium ; reluire de ses fameuses illuminations ; ou bien tenter le diable, lui parlait par une voix d'un lyrisme de bal masqué ; chasser à son lapin d'absolu et parmi les boccages en déjeunant à l'herbe avec de ces messieurs des sacré mœurs – s'attablait pour concevoir le mensonge ; lui donnait de la main, et les saluts et les salamalecs ; et le fournissant toujours par amitié ; lui réclamait jusqu'à la donation de la gloire des menus.

Ainsi je m’éloignais du port, je dépassais les dernières écluses et démarrait à l'océan. Rien ne bougeait, la marche des flots sur les contreforts maritimes ; plus aucune nappe sur les brises-lames – l'eau stagnante ; celle d'un marré.

J'allais à mon bon train ; malgré l'océan devenue sirupeux ; malgré la face amère qu'on essayait à tout bout de champs de me faire voire ; j'étais bien sans être navré d'entendre à s'éjouir je ne sais, les lieux qui aurait voulu me donner des exemples ; me dire « Vois-tu comme nous sommes étranges ? » Ils étaient alors ainsi que je ne les entrevoyais même plus ; ces lieux insipides à ma vision ; sans ferveur pour me ressortir d'un alliage de forme à mon esprit ; sans force pour me faire tressauter ; pour m'atteindre ; tout l'océan nageait à vide et j'étais un veuf ; j'aurais fossoyé ainsi qu’enchère « messieurs combien ce mètre d'eau salée ? » Aux premières mains sans ne jamais apprendre la Geste de tout les intérêts ; à ces fabuleux aventureurs d'argent débonnaire ; j'aurai donné mes trois coup de maillets « j'adjuge à main levée. »

Je n'avais que faire de bien des choses ; je n'étais pas bien sûr de jouir encore tout à fait de mon cœur. J’allais au gré ou bien à la force sans aucune façon ni même de rougeoiement sur mes destinées ; vulgaire indifférent peut-être ou plus encore martyr de je ne sais quel insomnie inutile, d'enfance ; inconsciente ; inimaginable et donc imaginaire.

Indifférence que sais-je et plutôt mieux encore ma lassitude – j'allais ainsi qu'avançant mes justes cause comme autant de ses déperditions d'un Ulysse auquel sans plus de bras, ni jambes ; et mêmes sans yeux – l'élégance de Ithaque aurait bien paru sans saveur.

Et plus encore mon indifférence m’attisait la colère ; ma teigne de philosophie si honteusement nichée dans mes surplus, mes vices; lesquelles ? Ma propre nature me trouait sûrement de bien des horreurs ; cette mitraille de sentiments sans de vives brûlures envahi pour chacun de mes pas jusque le vivier de mourir à mes jours – tout cela se comprimait avec fureur – j'avais beau voir toute une beauté fronçant ses airs ; aux arbres ; à la hauteur des monts – cherchant à m'haranguer – j'étais ailleurs, à une discipline dont je désespérais – étais-je triste de cela ? - qui saurait un de ces jours me rendre le bonheur.

Longtemps j'avais fait mine d'avoir vaincu ma vie ; c'était bien vrai – je l'aurai tellement mis à mort ; composant de première main jusqu'au bon-parti d'un équarris ; qu'en définitif j'aurai su m’enchâsser au tombeau.

Je n'étais pas mort pourtant ; je n'avais pas la bêtise et l'impudence de le penser – j'étais absolument hors de moi ; hors de mon propos – singulier à mon singulier.

Mon indifférence me rendait-elle malheureux ? Je n'en savais trop rien – je n'étais devenu qu'un homme à jouissance et je n'enviais pas du tout mes entrailles ; j'étais indifférent il faut croire à ma dernière nature restante – qui ne soit pas tout à fait complexe ou de travers et donc faussé pour l'heure jusqu'au parfait « sou de raison » qui, à son tour venu , me redresserait la tête dans l'attraction de la vérité.

Je n'avais plus moi ; de ces moments-là de pure lucidité ; de remise-à-soi ; d'interruption du délire et de la liturgie vivante ; de moment disons ou les hommes sont quelques-fois redevenus vertueux – j'étais au fait ; le mot juste, soit d'un oublie de m'humaniser soit peut-être encore étais-je à ce point damner pour de bon qu'on ne jugeait plus à propos de m’espérer bien sauf - qu'on aurait plus voulu de moi quoique-ce fût de repentir ou de renoncements ; et que pour ces raisons on m'eut donné la trique et le bâton comme mes ambitions familière ; mes objets de libre-abrite.

Peut-être était-je donc l'homme le plus libre puisque le plus impossible à être humain. Je ne savais pas.

Lorsque je touchais mon cœur ou que par inadvertance on me le caressait ; un mal appelait à moi son secours ; je désirais la fuite ou l'affrontement pour qu'on n'insiste plus à y paraître – je retirais les mains amis, les mains de frères – je me trouvais des raisons, des métempsycoses de possibilité- était-je mort autrefois à coup de pieux au cœur ? M'avait-on pris pour un procrastinateur de mes années ; un hôtelier des carpates ?

Ce bibelot de pensée ; d'extravagance ; des Esseintes à verni ne négociait pas tout égal à moi-même. Ce n'était qu'une parade pour ne pas entrait à chaud dans le creux ; l'immonde creux de mon plexus ; l'infâme ; l'éternel et qui est bien laid, bien plus profond chez les hommes bien bâtis.

J'y pense, à les voir ainsi mon tronc plat ne m'apparaît pas comme mutilé ; bien encore ; raviné par le muscle ; donnerait-on la main à un homme qui serait tomber du pectoral au plexus ? Je les laisserais y choir tous autant qu'ils sont ! Etait-je peut-être à ses Gabriel ? Ses derniers élans du Jugement ? Un ange puisque je n'acceptais plus, je le crois – de posséder un cœur ; je n'acceptais plus de savoir qu'au dedans moi toute cette défaveur battait en rythme ! Je refusais la grâce ainsi acquise – j'aurai bien voulu ne plus battre sans avoir à mourir – le paradis doit-être ainsi , sûrement ; chassé en son sein ce cœur d'absolu intermittence ; d'invivable et commode étourderie. Lorsque le médecin m'écoutait la-dessus, tant de crispations ! Je me contorsionnais comme si j'avais à faire au bûcher – je n'ai aucun mensonge à dire de cette manière ; mes proches ont connaissances de cette partie de moi – et je ne sais plus bien d'où ces choses me sont venues – pareillement aujourd'hui la mécanique d'une horloge et le rond de son balancier me rappelle à trop forte raison l'appareil de mon cœur ; son bruit me fait bondir tellement qu'il faille que je m'en débarrasse instamment si je dois dormir ou bien si réveillé je ne veux pas avoir à le dévisager trop mauvaisement.

D'ennemi à ennemi je ne sens pas si bien que s'accouple à mon cœur une horloge, et son rythme me paraît un judas.

Autrefois au contraire ; toute sagesse enfantine bien à mes aides – je m'apaisais à entendre des tic-tacs ; m'apaiser encore lorsque ma mère me caressait le torse ; posait son oreille sur mon corps d'enfant– elle m'écoutait pensais-je ; et mon cœur se donner.

Aurais-je depuis ces jours-là trop de choses à cacher ? Mon cœur devenu censeur serait-il ainsi, replié sur lui-même ; ne voulant pas qu'une écoute trop juste, trop forte s'en vienne à le reconsidérer ?

C'était sûrement cela ; toutes mes hantises impossibles à dire à quiconque ; non pas une seconde des frayeurs pour ma vie ; mais encore si je cherchais à être libre mais libre comme on le doit ; à toute force – combien alors je serais mis au ban, ailleurs et sans commisération – je perdrais non seulement l'estime entière de ma famille mais aussi peut-être une partie de leur amour.

Mais puis-je encore accepter toute cette misère ? Misère de mon esprit– serais-ce donc, si je me confiais – comme une catharsis, ou plutôt un cœur mis au rebut mais au renouveau – me sentirais-je redéfini, n'ayant plus rien à taire, rien à mentir ?

N'aurais-je plus autant de colère si j'osais dire une bonne fois toutes mes vilenies, mes bassesses ?

Il est bien possible que je me sente impossible ; indifférent puisque je suis sans complétion aux yeux de ceux-là que je cherche à aimer – sentir encore qu'ils aiment une personne que je ne suis plus – quel vigoureuse élan ce serait que de ne plus avoir devant leur yeux ; non plus cette enfant ; trop saint – trop angélique – et peut-être est-ce aussi pour ces choses que nos mères ne nous considèrent que longtemps après l'enfance comme des hommes bien faits ; qu'elles nous jugent avec avec la part intestine de leur maternité et se disent inconsciemment : « un homme qui n'a pas de problème, un homme qui n'a pas de vice est un enfant. » Couper le cordon une bonne fois ; on ne parvient pas à le faire par des arguments ; par relâchement. Mais par un conflit de toute part ; désinhibé ; exercé et conclu ; le premier conflit ; la première peine ; le premier effort qu'un enfant aura sur son chemin. Il faut dans les pensées d'une mère pour qu'un homme soit enfin né et qu'il se maintienne ; qu'il ait à trahir son enfance et s'échelonnant du bien vers le mal ; qu'il fasse l'effort d'accomplir son pêché. Le mal n'est pas la souffrance ; le mal est toujours le mal fait à autrui.

Tandis que je pensais à toutes ces choses une mouette se posait sur le foc de mon embarcation. Elle avait dans sa gueule une queue de rat qui pendait et remuait un peu sans frayeurs ; j'imaginais alors ; que ce rat devenu sympathique à la mouette s'était bien vu offrir un séjour ; qu'il passait ainsi du bon temps à tournoyer dans son bec, à se réchauffer dans la salive – à se nourrir des restes, des relans – je ne sais.

Mais la mouette fit couper court à ma pensée ; elle lâcha le cadavre du rat et partit.

Cette scène m'avait ramener bien loin ; cinq ans en arrière lors d'un voyage à Venise avec un ami : au bord de l'eau qui donne accès à la lagune, pareillement une mouette était cette fois venu chercher un rat sur le quai qui s'était essayé à s’enfuir ; mais il mourut infailliblement.

J'étais alors au tout début de ma vie d'adulte mais j'avais déjà bien commis mes déshonneurs – je rêvais pour m’immiscer dans la ville somptueuse de me détacher de mon ami – mais je n'en fis rien – poursuivre les canaux au bruit de la Séranade de Schubert ; embrassant mes horreurs ici bas qui me semblaient en pleine nature – la nuit si abstraite, au joli contraire des hommes ; sans détours mais à toute ces allées et venus comme de ces poches mystiques, d’idolâtries - de cette dernière Rome aux chambrées absolus. J'aurais voulu grand nom que se fasse à mon tour le plein charivari ; l'énoncé bien en sus pour servir à mes astres – qu'on me donne enfin bref ! Toute la robe et la cithare ; le plus illustre habillement qui me permettrait de laisser libre cours à la liberté.

Au derrière des statues des Lions de Venise ; ses fausses statues ; je me penchais en voyant le beau visage d'un touriste – à son tour il fit de même. Nous nous vîmes ; je vis sa jeunesse – il me fit un clin d'oeil. Je ne savais pas alors comment lui répondre ! Dieu ! Je partis ensuite avec toute la férocité de ma tout juste défroque – mis à nu pour moi-même mon inaptitude à ne jamais savoir donnait au qui-vive – toujours diamétralement rendu à l'heure suivante, aux prophéties – ma tête d'insubordonné présent me faisait échaudé si bien que je voulus me battre à l'instant à la première opposition – jouer de mes nerfs si jamais une offense me touchait d'un seul doigt. Mais il ne se fit rien. Je rentrais en mon cœur la frustration nouvelle ; si éloquente dans une décennie qui suivrait de privations à privations durant laquelle j'ai bien trop souvent prier, et me suis défait de tant de fascinations et tant d'exorcisme volontaire et par-moi-seul - disons, autodidacte ! Durant laquelle trop longtemps j'ai joué le fantôme qui tourmentait mes hantises ! J'ai fait sur eux l'essor de tant de solutions, hydriques et autres ; tant de souhaits de tant d'hommes, qui n'ont réussit à rien ; pas même à mes aveux ! S'ils avaient su d'où venait à ce point mes déshérences ; mes parfois ; colères ou chagrins ! S'ils avaient interrogeaient ne serait-ce qu'une bonne fois ; les pourtant communes triturations d'un adolescent qui avec la force d'un hubris non-né pour ce bel âge crevait avec des aiguilles déjà ces apparitions alvéolé comme si elles étaient des baudruches !

Tout ces châteaux sur table ; carte à dos damassé - tant d'écroulement et si peu - quoi ? Si peu de quoi me sauver !

Mon rat était bien mort. Je le touchais du doigt – d'autre ne l'aurait fait que du pied. Il n'y avait rien ; ce corps squelettique dont la queue bougeait toujours néanmoins – je poussais l'investigation m'approchant de plus prés – je sentais ses os tandis qu'à leur milieu ; comme une sorte de rondeur inédite ; incompréhensible. J'appuyais à l'endroit précis et j'entrais alors dans la peau du rat comme dans un moton de poussière. La rondeur était ici, au bout de mon doigt – si j'avançais un peu mieux, vers la gauche, vers l'appareil digestif – je pouvais alors passer au dessous et qui sait peut-être retirer la chose.

Je n'avais aucun dégout à la menue dissection auquel je m'adonnais ; plus d'une fois encore jeune et déjà bien entamé mon exuvie ; j'avais en cours de science réprimé mes devoirs – je renonçais ainsi suivant la taille, la grosseur de l'animal à disséquer ; je faisais un effet comme d'une jeune fille trop prude - ma professeur ne trouvait pas cela de son goût – elle avait déjà bien avant moi mis au terme la part la plus infamante de ses sentiments qui nous font rester ô grand jamais à l'état d'une disgrâce mental ; d'une aporie ; d'un désir de suicide permanent ; tandis que feints encore ; chasser du soir au matin nos émotions – nous sommes alors plus enclin à toute les expériences ; nous nous y complaisons bientôt comme de la seule musique que chérit notre cœur.

Mais qu'importe.

De mon rat je sortis un beau morceau de chair qui était fumant ; je sentis l'odeur étrange qui émanait – l'odeur reconnue, familière, mais écœurante. Je clarifiais vivement la chose, en plongeant ma main à l'eau puis la ramenant. C'était une boule d'encens, désormais humide. Je ne m'expliquais rien.

Mais la texture de la boule prenait avec l'eau une façon de liqueur ; j'étais tenté; non pas ému d'essayer de la mettre sur ma langue. Après tout, je n'espérais rien.

Je trempais alors sans réfléchir la boule jusque dans ma bouche que je refermais. Je croquais – c'était une sorte de sable, la sensation – un sable un peu plus mou ; plus goutû, plus agréable – Brillat-Savarin me venait à l'esprit. Saviez-vous que j'aurais pu mourir plus d'une fois de m'arrêter de boire ?

Ne plus boire, ne plus avoir de bouteille auprès de moi et six heures plus tard une fièvre incommode ; frappante me tord l'esprit – la chaleur de ma tête me rend gourd ; je crois ainsi qu'en buvant très régulièrement je préserve cet état d'inchangé ; d'un autre-homme sûrement que je ne serais pas si jamais je m'arrêtais de boire au long terme. Je mourrais donc, tenant le pari comme de l'Italien des Méditations au bout d'un seul jour.

Mon encens dans la bouche ; je n'exultais rien – n'était ni content ni même surpris de la matière – au final, tout rester ainsi qu'à mon imagination ; je l'apercevais de cela ; je le goutais de ceci – rien ne changeait pourtant.

Je recrachais l'encens dans les eaux.

S'éloigner du monde sans dilemme mais se voir tour à tour par une fortune inattendu remis au charme de la raison. Un encens ; sur une barque ; sans personne.

Je ne supportais plus qu'on me donne les directions ; de me faire indiquer assez fort au bruit sonnant ; à l'éclat d'une lumière ou à la vivacité d'un geste ; mes pensées. Mais quel bêtise me disais-je ! Comment sortir de toute cette force qui me dévie ; qui m'empêche et me remet à jeun - comment de même ne plus rechercher tout l'espoir de s'en sortir ! Ne plus penser enfin peut-être. Mais ne plus rien faire pour s'y astreindre.

Il est vrai que je n'admirais pas beaucoup mon époque ; c'était bien ici ma pierre d'achoppe ; une détestation presque exemplaire, sans équivalence - mais non pas celle si idiote de ses rebelles de quatre à cinq heures ; ni même celle de ces bourgeois voulant toujours se remettre à lanterne – je n'aurais pas une seconde manger de grâce sans prier l'appel à la patrie ; ni même je n'aurais pu toucher ; brûler vif un drapeau – rien en moi ne possédait cet Hervéisme pour les dégénérés.

Je n'accédais pas à la haine de ces jours – ce pitoyable bossu d'idée ; manifestant de conciergerie qui lutterait à toute la force de son ignorance ; rappellerait comme de cette première main de connaisseurs-jean-foutre ; ravalant sa mine en face de son camp adverse ; et prêtant renfort à toute la foire de contrefaçon de ses manies – j'étais éloignais autant qu'un fait de son geste de la nouvelle comédie des hommes.

Enfin. Dieu de Dieu ! Je n'aspirais pas une seconde à leur vie – comment vivait-il d'ailleurs ? J'entends ; parmi les concoctions si pernicieuses ; si probe ; si jésuitique – comment faisait parmi tant d'autres ; tout à fait cet homme-là que je connais bien pour rêver d'un monde qu'il ne connait pas ? Pour accepter ce monde qui devient ce dont il n'a pas connaissance ? Pour accepter enfin de ne pas connaître et de croire ; de légender la face du monde pour y faire vivre ses enfants ?

Je ne comprenais pas.

Je levais mes yeux vers le ciel ; l'aube tâchée n'existait pas encore – n'avait pas rendu sa pièce à la nuit ; la monnaie se présentait toujours, mais sans étoile – un gris sans discours, sans trêve, sans musique.

Je ne parvenais plus à sentir à quel point j'étais à cet heure si proche de l'océan ; de quel manière ; une envie toute perdue ; mais presque vive – avait dû me pousser à m'embarquer tout seul. Je ne sentais plus mes instincts ; toute parole humaine avait cesser ; tout ces messieurs interprètes ; écrivains et penseurs à langer ne me donnaient plus que leur nom ; leur fondations, leurs idiomes, leur dogmes, leur concept – j'en étais heureux pour un instant comme pour le réconfort d'un père qui voit naître son enfant et qui ne peut vouloir qu'être ébahi mais qui ne ressent rien ; et qui force à tout va. Le clairon des sentiments ; de l’assujettissement à la philosophie – j'étais à ses dires comme désinhibé de n'avoir bien à faire qu'à des expiateurs tous expirants ; sur fin d'âme ; de repli – je n'estimais rien de ces chasseurs de clé - ni même la recherche de leur serrure.

Diamétralement, disais-je hors de mon époque – par quelle manière ? J'avais besoin d'un clairon indépendant ; d'un clairon si fidèlement rattaché mais en dehors de toute prairie – de tout chant du coq.

Mais j'avais aussi besoin de celui-ci.

En discorde, en permanence pour mes arriérés mentaux – mais je ne les voyais plus. Je ne cherchais plus à exister pour eux ; je m'approchais au pas des moribond si fiérots qui s’avilissent sans ajournement à tout les labeurs – à cela surtout qui ne trouverait rien d'autre ; qui se verraient mourir de bas en haut s'il n'existait pas de travail – c'est à ces hommes-là que je promettais d'amender mes jurons ; de prioriser mes coup-bas – mais encore ! A toute les farces de messires et médors ; chiens à garderies culturelles – ces cantatrices caves ! Ces fausses Madames de la mise en scénette – ces comédiennes à dents échancrées ! Mes pauvres tantristes ; suspendus au vide – sans ordre sinon que l'écoulement de ces jours à d'autres et d'une vie tout entière ; l'épuration insensible -

Mais aussi ! A ces trifouilleurs nocturnes ; rampants à pandémonium ; juré civière de messieurs les adorateurs du Nabots – ces jaseurs ; ces sautes-moutons parmentier d'un Absolu de carrière.

Comment reconnaître un absolu à vrai dire ? C'est d'un absolu qu'on se bat.

Je ne voyais pas beaucoup mes prestidigitateurs ; mes écrivains processionnaires mêmes – se battre, je les voyais surtout se vanter de la joie.

Enfin ! Cette époque, oui – à négrifier tout les girons ; cherchant Gomorrhe depuis Sodome et n'accouchant que d'un seul sens !

Comment vous dire ma distance de cet rastafari !

L'on me juge asocial, inamical – et pourtant d'une gentillesse extrême – c'est que je proviens d'une histoire dans laquelle je suis né et qui ne s'était pas encore exorcisé ; dépossédait en chasse à court – ma mémoire très souvent inégal est pleine d'un sang qui n'aura jamais rougis.

Je n'aime les enfants que parce-qu’ils n'ont aucun âge ; leur époque n'est pas encore tomber sur eux comme un marteau – ne les à pas changer à point comme un cordon ; ces bleus enfants qui sont des inhumains me ressemblent et je suis des leurs. Qu'ils nous damneraient néanmoins s'ils avaient connu de peu nos amusements ; si nous pouvions encore leur enseignait, leur dire - sans que leur imagination n'en soit à priori entièrement mis à part - comme ils nous damneraient s'ils avaient conscience de ce que nous étions et de ce qu'ils n'auront jamais pu être, qu'ils ne seront jamais vraiment ; sinon qu'avec férocité jusque la mélancolie qu'ils auront inutile.

Le seul avenir est dans ces peintures de Léonard ; dans ces chevaux, oiselets peints aux mains de son grand-père ; à leur yeux ; je vois encore la campagne qui dormait au petit matin ; les vieillards, adultes qui nous surprenaient alors ; soit à leur levée plus tardif que le nôtre - soit à nous voir descendre des escaliers les cheveux ennoblis de sommeil ; ou lorsque qu'ils nous voyaient à la terrasse dans le gris du matin, les fumées des aurores - et que nous buvions un chocolat en tenant notre bol avec les pulls en laine tricotée qui recouvraient nos mains.

Et c'était cela jusque dans le soir et la nuit ; ces tendres imaginations qui flottaient bien opérantes dans les gravures de nos fronts ; qui ressortaient avec piété aussi frais et bien en verve, enfantin - dans les discours que nous donnions, aux paroles que nous rendions quand ; aux lueurs des étoiles nous parlions des extraterrestres - mais aujourd'hui ?

Ou est-il passé ce matin des magiciens ? Se lèvera-t-il à nouveau celui qu'on a vu mourir avec des grandes bougies de cire ; et dont les dernières paroles nous avertissait du terme de leur consomptions "Gaffe, disait-il - au jour où mes bougies ne seront plus enflammés ; le monde alors aura perdu de sa lumière."

Désormais sans une aide au travers l'infini des sevrages - quel est donc ce progrès que nous n'avions pas vu venir ? Nous qui pensions à une autre pensée, un paradigme nouveau ; qui saurait penser encore tandis que nous sommes affligé par toutes les exubérances et que nos secrets sont devenues craintifs ?

L'univers, comme nous l'imaginons désormais ; se joue et s'évertue - parmi les têtes amères de ces incorrigibles tentateurs ; imagiers ; cinéastes - incapables créateurs ! Et parmi eux - chacun sait bien jouer les litanies, les complaintes à cette époque ; c'est vrai - qui s'accomplit dans sa bêtise ; et dont on ne reconnaît pas les buts. Tout est à l'abandon, l'enfant est perdu – et notre époque n'a plus aucun danger de solitaire ; nous nous retrouvons ainsi jeune tout à queue de sirène servant les mirlitons ; essuyant leur veston ; servant les vins, gonflant les assiettes pour les fidèles de nos tables - oh quelle bonheur ! Quelle hauteur que ces périls de tablée ! Il est loin mon temps où j'allais encore, enfant ; me dévétissait sans pudeur ; plongeais à l'ornière des forêts ; dans les bocages de ces sapins dont les épines mortes ont formés des saillies - et qu’auprès du froid de ces températures - j'attendais l'affront ; l'attentat ; l'abus - pour y mieux contenter mon pardon.

Je me sens donc à quelques épreuves et ébauches de mes contemporains ; bien plus lointain, plus vieux qu'un bon-parti de vieillards ; c'est parce que je n'ai pas de vie - le présent m'est inutile et trop inélégant ; trop confié soudain ces anecdotes qui ne me regarderont jamais avec le même air qu'un ouvrage – je me sens plus vieux ou plus jeune puisque je suis d'autant plus humain avec mes morts ; mes ancêtres ne changent pas selon qu'ils existèrent à milles années d'ici. Mais je ne tiens pas non plus à ce qu'ils ont pensaient.

Lorsque je songe à ses éducations ; ses islamocraties qu'on voudra nous révérer tôt ou tard – mes enfants blancs à qui l'on aura fait une mouche de culpabilité ; toute l'école par millénaire ; mépris à fatuité – qui les verront alors comme des horreurs...

J'étais inhumain à n'en pas dire ! Puisque j'étais au dehors de mon époque . Je n'admirais rien de ces infatigables contrevenants de continents ; ses faussaires modèles devenus les égéries du socle de la nation. Je ne pouvais pas absoudre mon humeur ; lui laisser de ses pêchés en arrière – j'avais encore, dieu ! A forcer ma ire pour me ravoir indemne et remis en demeure.

Pardonner ? Ce fut un affront plus infâme que de proposer les simples natures ; que de décrire les comportements et les caractères bien plutôt que les passés trop bavards et menteurs.

Qu'aimez donc de ces billevesées du temps présent ? Ses élus « nouvelle madame ô petit bono la chance » - qui ne cesse d'acclimater les monts et vaux lorsqu'ils pastichent n'est-ce pas de leur crampe historique, tout pressé qu'ils sont de permanences ! Ces messieurs et soudains ses mesdames qui surgissent tout aussi bêtement d'un troupeau de têtes au débotté ; qu'il nous faudrait tailler à la haye peut-être aussi bien qu'au sabot deux.

Je n'aime pas voir l'articulation de mes contemporains ; la sainte génération Française sur laquelle on aura recouvert toute l'absurdité d'on-ne sait quelle promise mariée par dot.

Et dire ! Encore et toujours ses nouveautés de modes, de musiques – de valeurs absolument éconduites ; à couper au couteau. Je suis inhumain puisque sans mon lieu ; sans mon habit ; sans conforts de mon séjour ici-bas – inhumain plus encore lorsqu'on veut bien avec la férocité très enceinte à huit mois de nos chers pestilencieux nous donner à quel point nous serions des mauvais hommes ; que nous ne pouvons pas comprendre me disait un ami musulman « ce désir de vengeance » je lui demandais comment désirait-il se vengeait, il me répondait « le retour du bâton, vous ne vous plaindrez pas que l'on vous colonise, que l'on vous mette un peu en esclavage » - cela dans une tête parfaitement saine et intelligente ; et non de la pire des engeances !

Si bien que vouloir de ces gorgonites en phalanges ; prêts à nous rendre à la terre battue ; que vouloir de notre mise aux fers par notre propre chef ? Je ne m'y accommoderais pas d'aujourd'hui ni même pour demain. Qu'on me veuille retenir à mon sort ; m'écrémant tout à fait le gosier ; m'ostracisant comme il faut par leur portées de nubiens – je ne pourrais pas vous promettre ma rédition.

Qu'on m'installe ; qu'on m'ordonne avec lavage de mains et ports du masque ; de monter en blanche guenille tout au sommet du presbytère républicain ; à l'abbaye de Morte-en-Regret ; choisissant mon Uber de mon carosse-à-trente-six-portières – me délivrant en lieu et date et mon corps à l'entretien de la voirie ; ma tête sémillera sous la plus vénéneuse des coupoles ; couper court aussi haut que possible et je dirais : Pour vous si bien accueillir, que l'on me tranche en trébuchet !

J'ai mérité d'aller ici, d'y rester, de tenir ; d'y vivre et ne m'en départirait qu'avec la prophétie d'une mort qui n'a pas encore dit ses mots pour m'intenter ; je ne vois pas même le ciel se tourner en trempée pour m'atteindre les joues ; ni ne me mordre ou me pleuvoir à grand-coup de semonce au-dessus de mon crâne - toutes les épées de Damoclès avalaient comme elles sont ; je les ai digérés !

Mais avant ces matériaux à caravansérail ; avant même les patriciens devenus nos vautreurs ; j'allais rentrer à la barque ! Enfin ! J'allais sortir du milieu de mon océan !

Préssé, préssé que j'étais aux cent-jours de la débandade ! Je naviguais férocement sur l'eau jusque la côte – je fracturais la coque sur le bord du quai – je sortais sur le monde et et bien à ma hargne si inhumaine ! Inhumaine jusque sa délivrance ! Je mordais la queue du rat qui s'était détacher, je la gardais à ma bouche et je sortais sur la grève.

Messieurs que je vienne à mon nom ne pas oublier le bicorne ; revoir l'empire – que ces choses ! Ces choses si bonnement fidèle à tout un entendement ; tout un sacre – milles bandes à mes yeux, millions à croiser la bourre aux ménestrels et rappeurs de nos corridors de non-droits !

Je ne pensais plus à mon cœur ; au rendez-vous si pleinement raté une fois encore ; mis au rebut ma solitude ; ma compréhension pour la flèche si couteuse d'une bataille en eau-trouble ! Certains que je n'aurais aucun absolu avant de retrouver mon lieu – que mon croissant fertile ; si fortement mon foyer devenu délétère – ma Luire et son nom au langage de faveurs retournés en mon sens ; en mes sens – je gagnerais à nouveau mon humanité si je perdais mes offenseurs. Mon acrimonie est un chemin de Saint-Graal !

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