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Jamais je n'aurais cru, enfant, que je vivrais plus vieux que mon pays

Venehon

Publié en 2020 :


Jamais je n'aurais cru, enfant, que je vivrais plus vieux que mon pays. Viendra ce temps où nous réclamant d'une divinité effective, feignant pour nous un beau sort de pouvoir, le pays changera son visage, ouvrira de ses lèvres à maudire les malheurs, et criant comme le nourrisson, nous serons à nouveau les aînés d'un baptême ! Peut-être qu'une fois encore, le si piteux avenir nous jouera de ses tours de passe-passe, mais au moins, six fois après la palissade du tombeau nous aurons été heureux d'avoir soulevé nos airs, et remonté nos âmes jusqu'aux parlements d'un pape infaillible, qui aura décidé par ses angelots et par ses saintetés d'arrière-cour, d'autant de ses cardinaux-communiants, de nous désirer dans un destin et de nous voir sauvés enfin du sort et des litiges et de la mortalité, ou de nous perdre. Mais nous n'aurons pas lâché les anses de la porte du Capitole, nous, dévoreurs de l'éternité, si nous mourrions, combien nos mâchoires prêtes à mordre les empans de l'Eden seraient autant de nos épitaphes échappées à l'oubli ! Et combien, Pape et sa cohortine de folles à queues retroussées, ouvrant ses maniques à la plus-value migratoire ; combien tu auras de nos cadavres dans tes états ! Qui le soir venu en esprits mille fois métamorphosés, viendront regarnir les murs siliconeux de ta chambrée par de la pierre une bonne fois reprise à l'angle de tous les angles. Pape, tu nous singeras ou bien nous saurons te hanter ; nous prendrons toutes les alliances des peuples les plus déchus, deviendrons Gog et Magog. Et Rome une fois conquise aux musulmans, nous sortirons des limbes aussi épris de toi que l'enfer qui serait ta promise, et nous te marierons à l'ange de tout les anges. Église, ressaisis-toi ! Nation, prend ton esprit ! N'oublie pas l'imaginaire qu'il te faut pour mander le réel ; éjouis-toi de fantasmer, abandonne tes airs idiots de sceptique être deviens miracle, et quand bien même ton incrédulité d'affreuse et immense cervelle d'incorrigible te dirait : « Mais c'est faux »,qu'importe ! Rien ne parle mieux à l'âme que la légende, ne parle mieux à l'intelligence qu'une vérité qu'entre des Tyr éternels nous voyons miroiter ; chercheur d'absolu te voilà sans des faits à l'obligeance contentieuse ; il y a au-delà du monde des mystères déjà plus grands que l'au-delà – n'enferme pas l'idée, avance et recule tout à la fois ; et comme à la barque sur un océan de houle, endimanché que tu seras à saisir les rames autant qu'un faraude Hercule ébouriffant la mer ; enfin, te retrouvant pareil à une terre lointaine, tout à la fois ton propre Colomb ; tu pourras non plus te nommer chercheur, mais découvreur de la totalité. Enfin ! Occupons-mieux nos lendemains ! Nous n'avons plus le temps de parler de ces choses, ou de les penser, ou de les voir peintes sous les couleurs des plus intelligentes, prenons ainsi tout le banneret qui viendra, celui qui, mettons, aura sa première main – nous céderons au chantage s'il le faut de monsieur notre seigneur qui voudra bannir d'ici-bas, de ces lieux de villégiature, nos arabes des villes et des champs. Qui bannira sera loisible en ce pays! Dix-mille ans ne suffiront pas à ériger une seule statue qu'aura donné pour son péril et sa pénibilité, comme récompense, le peuple à son homme ou sa femme d'une providence inattendue.

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