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Celui qui n'existe pas, n'existe toujours pas

  • Venehon
  • 4 mars
  • 3 min de lecture

J'ai connu un écrivain d'une oeuvre-célibataire parcequ'elle était cocu. Elle était cocu son oeuvre puisque monsieur ne pouvait s'empêcher de soupçonner ses lecteurs de je ne sais quel tares, ou je ne sais quel insincérité - il n'arrivait pas à accepter qu'une personne tout autre que lui puisse donc "savoir" le lire. Et ainsi alors il s'en défiait. Il préférait être esseulé que semblable.


Il ne supportait pas qu'on le rejoigne, s'eut été prendre le risque qu'on le devance. Il me disait : « combien je suis inquiet chaque fois que je suis comparable » ou bien encore : « Pire :je suis esprit, et l'un des derniers, par conséquent, je veux faire interdire tous les ultimes esprits comme moi ! hé hé ! pas bête, hein ? »

Ainsi, pour se tenir loin du danger ; il faisait des pieds et des mains pour qu'on le rejette, il se montait comme ces chenapans garçons qui vous font des farces pour que vous quittiez les lieux, où ils auront cachés ce qu'ils ne laissent pas aux regards des parents.

Lorsque la chose, censément, ne prenez pas selon la personne auquel il s'adressait - eh bien, c'est toute sa catégorie qui vacillait alors, il ne savait plus comment interagir, et comment donc se distinguer dûment : il avait le sentiment d'une "oppression", d'une "déconsidération" ; plus on l'entretenait donc, plus il se croyait cerné.

Ainsi il inquiétait les alentours, ses voisins, ses proches, jusqu'à ces lecteurs en leur disant "tu vois... Tu ne m'as jamais demandé comment j'allais".

De façon à ce qu'ils se sentent coupable : oui, peut-être allait-il mal, peut-être que l'attention que ses lecteurs lui portaient étaient injuste, fausse, "déconsidéré" et donc, absolument inique. Il accusait les autres de faussaire.


« Mais celui qui passe comme par le jeu d’un déclic, de l’idéalisme à la trivialité, de la nonchalance à la fougue, de la férocité à la gentillesse, nous le méconnaissons. Sa diversité déconcerte notre manie classificatrice, son registre étendu nous désoblige dans nos registres limités. Comment nous en tirer ? Eh bien, rien de plus simples : ces modes si divers de lui-même, nous les appellerons des attitudes, et le tour sera joué.

Quand nous ne savons comment attaquer quelqu’un, nous disons : « Il n’est pas sincère. » Fameuse trouvaille ! Que peut-il répondre ? Quel homme d’honneur voudra accepter le débat sur ce terrain, à savoir qu’il est sincère ou non ? Barrès signale cette accusation portée contre les Espagnols, et puis d’un mot il rétablit la vérité : « Et nous ne nous apercevons pas que ce sont simplement de vigoureuses natures qui sont su pousser en intensité tous les points sensibles de leur être » A l’épithète vigoureuses il eût pu ajouter celles de franches : la franchise est l’un des traits caractéristiques du caractère espagnol. Et c’est la vieille règle que tous les faux-bonhommes se dressent contre l’homme franc, et crient : « C’est un faux-bonhomme ! » »


Mais voilà monsieur derrière ses larmes qui lui tressait la mine : nous le voyiions à sourire comme de ces gosses à qui l'on met des claques de ce qu'on les voit torves, malfamés, girondins.

Plus il défaisait de ces lecteurs par des mensonges, des stratégies, de la rhétorique de bas étage, plus il était heureux. Il était heureux cet écrivain, puisqu'il avait cet esprit "épais, et cet intelligence profonde" dont parle Molière - cet à dire qu'hors de lui même il était incapable de se quérir.

Il ne croyait pas en Dieu bien-entendu, cela va de soit - mais de même, il ne croyait pas non plus à la mer qu'il n'avait jamais vu. Pas non plus au Japon, sur lequel il avait entendu des histoires, mais sans être sûr de rien il ne voulait pas "clairement" se prononcer.

Toutes les choses extérieur, et c'est pourquoi on lui reprochait tant de ne pas tenir à sa famille, parce-qu’il n'avait jamais trouvé la "preuve" de leur existence.

On aurait voulu lui répondre comme l'aurait fait l'homme du sud "Tu l'as jamais vu mon cul, et pourtant il existe".

Toujours il ne pouvait pas croire à ce qui le dépassait, à ce qui le côtoyait, à ce qui l’entourait : que ce soit parmi les Dieux, trop présent, qu'il amendait de facto ; mais surtout parmi les hommes qui aurait bien pu l’approcher et qui lui donnait un certain vertige.

On dit pourtant que la confusion est à la base du fantasme, cher écrivain.

Il était donc incapable de toutes les conceptions extérieurs à force de componctions internes. Et c’est a force de se chercher des raisons qu’il s’est fait une raison.

 
 
 

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