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Je professe l'inhumain

  • Venehon
  • 10 août
  • 6 min de lecture

Je professe l’inhumain.

Je ne suis pas né pour consoler, pour m’agenouiller, pour comprendre.

Je suis né

Je professe l’inhumain —

non pas comme les on-dit jadis, ces volutes, ces masses

Je n’ai pas ni bonté, ni peine, ni momerie

Je ne m’incline devant rien.

Je professe l’inhumain comme on marche nu dans un couvent,

comme on crache dans une urne,

comme on arrache un enfant à ses manuels.

Je me tiens aux marges de vos cortèges,

je vois vos visages lavés des myrrhes, vos fronts soudain,

vos bouches pleines de soi-disant —

J’invoque les forces sans morale, les désirs sans justificatifs,

les gestes sans pardon,

les corps non rédimés.

Je veux la vérité crue. Je veux l’obscène qui délivre.

Je veux des cœurs qui battent trop fort pour vos lois.

Je veux des corps qui blessent par leur simple présence.

Je professe l’inhumain comme on ouvre un animal vivant pour y chercher Dieu.

Je professe l’inhumain, car l’humain s’est rendu.

Il a tout échangé : sa rage contre du confort,

son feu contre de la civilité,

Je viens rappeler la bête, l’injustifiable,

Je viens troubler les paix de principes auquel personne n’a jamais tenu

Je viens dire : il est temps de cesser d’être gentils.

Je professe l’inhumain,

non comme une pose mais comme une guerre.

Une guerre sans drapeau, sans trêve, sans armistice.

Et je ne demande à personne de me suivre

Où je suis l’homme qui vous pousse aux retranchement


Je professe l’inhumain

contre le traumatisme érigé en temple,

contre la larme devenue sainte-thèrese

contre l’enfance sanctifiée,

contre cette manie d’ériger ses plaies en monument national.

Je ne suis pas là pour caresser vos blessures,

qu’elles crèvent ou sinon vous !

Le traumatisme n’est pas un nom.

Il est un outil. Un levier. Une arme. Un alibi.

Il est devenu une valeur refuge, un signe de pureté, un passe-droit moral.

Vous l’agitez comme un mouchoir blanc la femme aux adieux d’un mari

Je dis :


Avoir été blessé ne vous rend pas sacré.

Vous avez fait du traumatisme une identité.

Je le prends et je l’étrangle.

Je le dépouille

Je montre ce qu’il est :

Une vie à laquelle tu n’étais pas dévolu

Je dis : tu n’es pas ton malheur.

Tu n’es pas ce qui t’est arrivé.

Tu es ce que tu fais avec ce qui t’est arrivé.

Et si tu t’y accroches,

alors tu es complice.

Vous avez fait du trauma une rente émotionnelle,

Mais l’inhumain ne pleure pas.

Je n’appartiens pas à votre morale.

Je ne crois pas aux raisons.

Je ne crois pas aux guérisons.

Je ne crois pas à l’intention cachée dans chaque faute.

Je ne cherche pas l’origine du mal.

Je m’en accommode. Je m’y attarde. Je l’habite.

Je ne veux pas comprendre.

Je veux sentir ce qui dérange et ne pas reculer.

Je veux être celui qui ne détourne pas les yeux.

Celui qui reste, pendant que les autres ferment la porte.


Je ne dis pas : "tu n’as pas souffert."

Je dis : ce n’est pas suffisant.

C’est fini.

Tu as souffert ? Et alors ?

Que fais-tu maintenant ?

Es-tu encore là ? Ou as-tu décidé de n’être qu’un reliquaire,

qu’une victime parmi les victimes et tout ces hommes parmi les hommes

Je veux des corps qui se relèvent ; je veux des corps

Je veux des âmes dépossédées de leur pathos.


Je professe l’inhumain contre le traumatisme

devenu religion de l’excuse.

Je veux te voir

debout, sale, incompris, et libre.

Je professe l’inhumain contre La Vulvate,

ce grand chœur, ces dames, ces mignonnes

ce tribunal parfumé jasmin et consorts

ce nouvel encensoir où l’on brûle l’homme

pour qu’il sente bon la faute.

La Vulvate —

non pas chair, non pas sexe,

mais idée fixe,

croyance neuve,

divinité du ressentiment.

Je la vois partout :

dans les sermons du care,

dans les yeux des hommes castrés-menus

dans les phrases subventionnées de la mairie communiste

On l’adore en baissant la tête.

On s’y soumet comme à une guerre perdue d’avance.

La Vulvate ne veut pas jouir,

elle veut régner.

Elle veut des lèvres fermées autour d’un dogme.

Elle veut des coupables.

Elle veut des cérémonies de réparation sans fin.

Mais moi je dis :

je bande contre elle.

Je me dresse contre ses larmes devenues doctrine.

Je veux un sexe qui n’excuse rien,

un sexe qui salit, qui fend, qui prend sans s’excuser.

La Vulvate parle de puissance mais ne connaît que le chantage.

Elle parle de justice mais rêve de revanche.

Elle parle d’amour mais ne parle qu’en plainte.

Qu’on me dise misogyne !

Je le prends l’insigne honneur de ces hommes

Et je me fous, Dieu, ces femmes les femmes sauront encore

Que j’ai aimé combien les femmes sont inconséquente

Qui ne seront jamais des nôtres

Je hais La Vulvate :

ce mirage néo-pur qui dévore l’insolence,

ce doux cancer moral,

ce faux-féminin qui châtre tout ce qu’il touche.

Je veux la femme sans auréole.

La femme qui mord, qui rejette, qui rit sans se disculper.

Je veux la femme sans storytelling.

La femme sans morale.

Contre La Vulvate,

je dresse l’inhumain comme le chibre sonotone aux femmes abasourdis

je dresse le désir sans justification.

Le verbe sans censure.

Le corps sans pudeur.

Contre La Vulvate,

je professe l’outrage

Je professe le regard

Je professe l’irrespect faisant montre de toute égalité.


Je professe l’inhumain contre la mère morale,

la mère qui ne cesse pas,

la mère qui plane,

la mère qui nourrit de ces mains et qui te fait manger ses doigts

Celle qui te brosse jusque l’âme

Qui parle ici de la fonction,

de ce rôle gluant, sucré, coercitif,

qui fabrique des fils bons, des filles propres, des enfants incapables.

La domestication maternelle —

c’est l’art de faire du vivant une chose aimable.

C’est la douce terreur du câlin obligatoire,

le chantage de l’amour inconditionnel.

C’est l’excuse érigée en doctrine.

C’est le refus qu’un être devienne autre qu’un prolongement.

Elle te veut gentil,

elle te veut reconnaissant,

elle te veut en dette.

Elle t’apprend à avoir peur de déplaire,

à t’excuser d’exister trop fort,

à demander pardon pour chaque colère.

Et si tu refuses,

elle pleure.

Mais pleure maman, pleure

Je reviendrais armé d’un nom qui te fera honte

C’est ainsi que je sécherais tes larmes

Je te consolerais de n’être plus un homme que tu puisses trouver bon

Je brise encore l’icône de la mère écran-total.

Plus de tendresse.

Je nie la morale qui dirait “tu dois me remercier d’être là.”

Qu’on laisse enfin les fils mordre.

Qu’on laisse les filles hurler.

Qu’on laisse l’enfant briser les mains qui le bordent.

La domestication maternelle fait des générations de mignons bienveillants,

des adultes qui sont des actes-manqués

des esprits trop polis

Je veux l’enfant qui mâche au cordon avec les dents,

qui refuse l’héritage,

qui crache dans le lait devenu poison.

Contre la mère qui protège trop,

contre la mère qui s’immisce,

contre la mère qui surveille à travers la morale —

la mère qui pense que tes spermatozoides sont encore ceux de ton père

je professe l’inhumain.

Je professe le droit de renier la douceur,

le droit de décevoir la Matrice,

le droit d’être indomptable, même dans la gratitude.

Je ne veux plus être aimé comme on enferme.

Je ne veux plus être protégé comme on castre.

Je veux vivre sans permission,

sans dette,

sans "merci".

Je professe l’inhumain contre le pardon —

cette relique,

il prétend libérer, mais il domestique.

Il prétend élever, mais il neutralise.

C’est le dernier mot des faibles

Le pardon n’est pas courage.

Le pardon n’est pas grandeur.

Le pardon

C’est la victoire de l’ordre-monnade

du conciliant,

du verbe bas,

du regard détourné.

Je ne veux pas pardonner.

Je ne veux pas être pardonné.

Je veux que mes crimes soient encore des miens

mes haines, mes rancunes.

Qu’on ne m’en prive pas, mauvais homme, soit honnête autant que les bons

Qu’on cesse d’appeler à l’apaisement.

Qu’on cesse de parler de réparation.

Je n’attends rien


Je veux que le passé me touche, sexuellement m’attache,

mais qu’il me fasse dire quelque chose de vrai.

Le pardon est un liard, de ces prépuces rémunérés vendus chez les maughras !

Je professe l’inhumain

contre la consolation,

contre le baume,

contre le vent


Fais quelque chose de ton fiel.

Fais quelque chose de ton feu.

Fais quelque chose que le pardon t’interdirait.

Je professe l’inhumain

Je ne tends pas la main.

Je ne cherche ni accord ni apaisement.

Ce n’est pas un programme.

Ce n’est pas une école.

Alors je me fais monstre.

Je professe l’inhumain

je recommence la vie des hommes.

 
 
 

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